In the mood for love

La réalisation est vraiment d’une délicatesse magnifique, avec une photographie très travaillée, tant dans la composition que dans les couleurs, parfois saturées, sur les robes de Maggie ou sur les visages, couleurs qui reflètent le monde intérieur des personnages.

D’ailleurs ces robes faites d’étoffes variées mais toujours selon la même coupe incitent le spectateur à les considérer comme la palette d’émotions qui habite un être qui reste essentiellement le même.

Cette forme superbe mais toujours liée au fond se retrouve également dans la musique (ah… « Siempre contestas ‘quizas’»), et dans les scènes au ralenti qui marquent les étapes dans la relation entre les deux personnages.

On notera également l’intelligence de la réalisation qui cache les époux des deux protagonistes pour bien montrer que c’est leur absence qui les définit.

Au-delà de ces considérations formelles, nous voyons deux idéalistes qui tentent d’échapper à leur environnement sordide rongé par le mensonge (le patron, le collègue, les époux) en se retrouvant autour d’une aspiration commune : « ne pas être comme eux ». Leur relation émerge ainsi tel un joyau de ce bourbier dans lequel ils évoluent, les logeurs eux-mêmes représentant un obstacle à cette émergence puisque leur avenance s’accompagne d’une curiosité finalement malsaine, trop prompte à voir partout ce mensonge que les protagonistes fuient.

Mais malgré ces obstacles la relation se construit dans le temps, et même si l’on peut penser qu’elle se termine avec la séparation des deux protagonistes elle conduit à un secret scellé dans les pierres d’Angkor-Vat, oeuvre d’art encore debout après huit siècles tourmentés (sans parler de ce qui suivra). On peut donc voir dans ce film l’affirmation qu’il est possible de créer du beau au milieu du sordide, que ce dernier est même parfois nécessaire à l’émergence d’une oeuvre.

Ainsi ITMFL peut être vu comme une ode à la création artistique.