Millenium Mambo (2001), Hou Hsiao Hsien

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Subject: Re: [AVIS] "Millenium Mambo"  (Hou Hsiao Hsien, 2001)
Date: Mon, 19 Nov 2001 00:17:07 +0100

kayman a écrit :

Le theme du film est la jeunesse Taiwanaise et sa dérive présente. Une jeunesse qui ne cherche plus rien, à la dérive,

À la dérive, oui, mais qui cherche une côte, plus exactement qui veut une côte, qui veut se sortir de cet océan de morosité sur lequel elle dérive, mais qui ne sait pas comment la trouver, qui ne sait pas la chercher, qui ne sait pas en fait faire de choix.

Une scène marquante à ce sujet est celle (il me semble que c’est après que Hao-hao l’a frappée) où, lorsque Jack lui demande ce qu’elle veut faire, Vicky ne peut répondre que « Je ne sais pas… je veux… je ne veux pas continuer à travailler au bar ». Vicky se montre donc incapable de faire un choix positif, et cela montre bien son incapacité à trouver des voies nouvelles alors que les autres se sont révélées des impasses.

passant de la boite de nuit à son appartement sans but apparent autre que passer le temps. La négation de l’experience et de l’évolution personnelle en quelque sorte.

Je suis d’accord. En fait, c’est peut-être surinterpréter, mais j’ai l’impression que la neige est une métaphore des expériences de Vicky : les flocons semblent lui bâtir une expérience en forme de bonhomme de neige, qui forme un bel ensemble mais a vite fait de fondre. Ainsi chaque scène, en apportant sa petite touche au portrait de Vicky, est comme un flocon qui tombe ; et le constat final : « Il avait beaucoup neigé, cette année-là, à Yubari. »

Hou Hsiao Hsien declare vouloir filmer l’évolution des habitants de la ville de Taipei et de leurs sentiments sur une période de 10 ans.

Ah ? C’est amusant, je n’avais pas du tout compris comme cela les 10 années de recul. Je pensais que cette période était destinée à insister sur le temps qui passe, et sur la nécessité de chercher la côte pour ne pas se retrouver à dériver toujours quand il sera trop tard pour se décider à choisir un cap…

il se pose des questions sur la jeunesse et veut la filmer telle qu’elle est. Sa mise en scène se sert admirablement ce but.

J’ai aussi beaucoup aimé la mise en scène, qui m’a rappelé Wong Kar-Wai dans ITMFL (le seul film de lui que j’ai vu), que ce soit pour la photo colorée ou l’atmosphère sensible, au sens où l’on peut presque toucher les éléments du film.

J’avais beaucoup aimé le côté « diamant au milieu de la boue » dans ITMFL, et cet idéal est absent de MM, mais ce dernier m’a plu justement pour l’originalité de son propos.

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Jihem


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