No smiling, please

Pour aller en Inde il faut un passeport valable 6 mois après le retour, ce qui n’est pas le cas de mon passeport d’urgence made in La Paz. Ce matin je suis donc allé faire une demande pour un nouveau passeport. Ça tombe bien, depuis le 3 avril les Parisiens ont droit au passeport biométrique, qui permet d’aller aux US sans visa.

Il faut savoir que sans passeport biométrique, à moins d’avoir un passeport optique émis avant le 26 octobre 2005, tout voyageur pour les US a besoin d’un visa. Résultat l’ambassade annonce un délai minimum de 9 semaines, et recommande même d’aller chercher ce visa à Londres, Francfort, ou Rome si on est pressé ! Et je ne parle même pas du prix (85€)…

Bref ce nouveau passeport est beaucoup plus sûr. Si si, il contient une puce sur laquelle on va pouvoir stocker plein de trucs : d’abord la photo faciale, puis en 2008 les empreintes digitales, si ça se trouve un jour on pourra même voter avec !

Et comme il est beaucoup plus sûr, les pièces justificatives ont un peu évolué. En fait il y a deux différences : il faut un acte de naissance, et les règles sur la photo sont plus strictes. Le site de la préfecture de police indique que « l’expression du visage doit être neutre et la bouche fermée ». Les employés du guichet, par ailleurs adorables aux heures de faible affluence, ont très bien compris ce que ça voulait dire : il ne faut pas sourire.

C’est vrai quoi, si les terroristes sourient sur la photo, ils ont plus une tête de terroristes ! Pourquoi pas se raser la barbe pendant qu’on y est ? Non mais mettez-vous à la place des agents de l’immigration US à qui on a expliqué qu’on était en alerte rouge et qu’ils ont le destin du pays entre leurs mains fébriles. Ces héros vont nous faire une dépression s’ils ne voient passer que des touristes hilares. Alors donnons-leur de la trogne de terroriste, du faciès de gars louche, de l’oeil torve du type qu’on pourrait presque coffrer direct tellement sa tronche est un aveu. Le moral de ceux entre les mains desquels repose la sécurité du monde libre est entre vos zygomatiques.

Si j’en parle, c’est que justement sur les photos d’identité j’aime bien ne pas ressembler à un égorgeur lobotomisé au lexomil. Et le léger sourire qui éclairait mon visage a causé bien des troubles. Finalement après une discussion de spécialistes le jury a décrété que « normalement, ça irait » car je ne montrais pas les dents, et m’a juste demandé d’indiquer mon numéro de téléphone « au cas où ».

Bref faites la tronche, ça ira mieux.