Swades (2004), Ashutosh Gowariker
Swades est un Bollywood à part. Pas par sa durée (210 minutes) ni par son casting (Sharukh est bien là), mais par sa portée. J’en vois déjà qui sourient : « Facile de faire plus profond que ces bobines de guimauve kitschouille qu’on nous sert au kilomètre ! ». Ok vous n’aimez pas les histoires d’amour impossible entre jeunes et beaux milliardaires qui roulent en ferrari et chantent et dansent dans de la soie et des collines verdoyantes ? Pas grave, Swades va beaucoup plus loin : Swades c’est l’histoire d’un Indien expatrié, cadre à la Nasa, qui revient au pays pour deux semaines afin de ramener aux States sa nounou vieillissante. C’est l’histoire d’une redécouverte, d’un regard extérieur sur la culture indienne, d’une immersion dans ce monde unique, d’un homme choqué par la culture des castes et tenté de tout rejeter en bloc, c’est l’histoire d’une révolte contre le fatalisme hindouiste, et en même temps un discours sur la valeur de la culture, c’est l’histoire du choc que subit tout visiteur occidental en Inde pour peu qu’il ne s’arrête pas à la façade de marbre des temples, aux vitres de l’autocar ou aux portes de son hôtel. Bref sans renier les codes du genre (l’histoire d’amour entre deux anges, Gayatri Joshi et Sharukh Kahn, les clips kitschissimes dans le soleil couchant, …), Swades est d’abord une réflexion étonnamment éclairée sur la culture indienne, et sur la rencontre interculturelle en général.