The French stink
Je viens de faire 5/20 à AllLookSame, ce qui prouve qu’il est aussi absurde que nauséabond de vouloir différencier physiquement un Japonais d’un Coréen. Ce déterminisme physiologique fait résonner le souvenir de plomb de la phrénologie, délire de bien-pensants nécrophiles que l’on pensait relégué aux caves poussiéreuses du musée des horreurs. Ou alors je suis nul.
Peu importe, nous dirons que c’est un touriste Japonais qui est monté ce soir dans le RER presque vide, un masque anti-particules ceignant son asiatique minois, et s’est assis sur la banquette d’à côté. Là il a retiré son filtre, ça fait plaisir, seulement d’un côté quand même, on sait jamais. D’après AirParif le quartier de la Tour Eiffel n’est pourtant pas très pollué. Ce n’était donc pas pour se protéger des particules. Mais parce que les Français puent. Oui bon vous allez dire qu’en plus ils sont paranos. Mais non, ce cliché, comme disent les compatriotes de Stallone, je l’ai entendu de l’Amérique à l’Asie. D’ailleurs j’en ai une bonne : Q. Why do the French Smell? A. So blind people can hate them too! Ha ha. Si les blagues pas drôles étaient des étincelles, certains deviendraient enfin des lumières.
Bref j’ai pas mal voyagé, et je sais que les Français ne puent pas plus que les autres. Ok je ne dis pas ça pour le pochtron bourguignon qui vient poser sa truffe imbibée sur mon épaule en exhalant des vapeurs qui risqueraient de faire passer la catastrophe de Courrières pour une timide lueur, ni pour le sympathique évangéliste GNU qui se laisse pousser la barbe pour faire comme Stallman et parce que c’est pratique ça garde les miettes on gâche rien c’est ça aussi le développement durable, encore moins enfin pour la mémère guerlainisée qui doit changer tous les ans son caniche pour cause d’asphyxie au jasmin. Mais il s’agit là de cas extrêmes et si l’on organisait une coupe du monde, tous les prétendants au titre d’olfacteur en chef ne porteraient pas le béret.
Alors pourquoi tant de haine ? Comment est née cette rumeur ? J’ai mené l’enquête. Et je crois pouvoir affirmer que cette légende est née dans “112 gripes about the French”, réédité à l’occasion du soixantenaire du débarquement sous le titre « Nos amis les Français ». Il s’agit d’une sorte de “Froggies for dummies” distribué aux GI en 1944. 112 leçons de choses, du genre de la n°44 : The French don’t bathe often enough. They can’t. They don’t have real soap. They had no soap worthy of the name since 1940. The Germans took the soap, for four years. That’s a long time. Pour ceux qui ont du mal avec l’Anglais, ça dit simplement que quatre ans sans savon, c’est long… Enfin tout ça c’était pour se venger de Clémenceau qui avait déclaré que « les Etats-Unis sont le seul pays à être passé de la préhistoire à la décadence sans passer par le stade de la civilisation ».
Ah et puis aujourd’hui il a plu. C’est sympa, j’aurai pas à prendre ma douche cette semaine.