Faites parler les chiffres
La différence entre une bonne et une mauvaise présentation ? Ben… une mauvaise présentation, on te la montre, tu la vois, quoi. Alors qu’une bonne présentation, on te la montre, mais tu la vois ! Parce qu’une présentation efficace n’est pas un roman, parce que l’impact doit être visuel, immédiat, et parce que c’est difficile en particulier pour les chiffres qui doivent crier leur sens aux yeux de l’auditoire, le site lancé aujourd’hui par IBM est intéressant.
Many Eyes offre en effet une série de modèles de représentation, des cartes aux nuages de points en passant par les camemberts, et propose aux visiteurs de contribuer des jeux de données et d’ajouter une représentation à la collection du site. Chaque représentation peut ensuite être commentée par les autres visiteurs. Les jeux de données sont pour l’instant très américanocentriques, mais ça donne déjà de bons exemples pour faire parler les chiffres.
Pour découvrir d’autres représentations, pas seulement numériques, je recommande l’excellente « table périodique des méthodes de visualisation ».
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une bonne présentation ressemble plus à une affiche publicitaire qu’à une page de l’annuaire : ce n’est pas que vos chiffres ne sont pas intéressants, mais si vous passez après un orateur ennuyeux votre mission est de réveiller les gens. Vous avez déjà essayé de lire Heidegger au saut du lit ? Je vous assure que ça donne envie de se rendormir. C’est beaucoup plus efficace d’allumer la radio. Alors quand vos auditeurs se réveillent, ménagez-les. Si vous ne savez pas chanter ce n’est pas grave, parlez-leur. Ne les forcez pas à ingurgiter une pile de chiffres indigestes en guise de petit-déjeuner. La présentation est le décor de votre représentation, elle doit donner aux auditeurs envie d’ouvrir les yeux et de regarder dans votre direction au lieu de jouer avec leur téléphone, mais c’est tout. Il faut qu’en un coup d’oeil ils comprennent de quoi vous allez parler, mais qu’ils attendent les détails de votre bouche : si vous écrivez tout ils vont lire au lieu de vous écouter, et comme ils lisent plus vite que vous ne parlez, ils vont arriver à la fin quand vous n’en serez qu’au milieu, se dire que vous êtes une limace inintéressante, et retourner jouer avec leur téléphone. Montrez-leur un squelette de votre discours, présentez-leur les personnages et donnez-leur envie de vous écouter raconter l’histoire : savez-vous combien il y avait d’étages dans le château de la Belle au bois-dormant ? Moi non plus, et je m’en fiche, je sais juste qu’elle dormait au dernier. Attention, je ne fais pas l’apologie du pipeau, il y a un temps pour regarder les chiffres en détail, mais ce temps n’est pas celui de la présentation. Alors s’il-vous-plaît, messieurs les orateurs, réveillez-nous !