Pharmacie
Dix-huit heures, il fait déjà nuit, bientôt l’hiver. Un jeune homme fatigué pousse la porte d’une pharmacie. Fièvre, nez pris, l’apothicaire lui tend deux boîtes accompagnées d’explications rassurantes. En encaissant il lève le nez, se tourne vers son assistante : « - Ce n’est pas votre anniversaire, aujourd’hui ? - Si. - Bon anniversaire. - Merci. » Le jeune homme réitère le souhait et, un peu moins soucieux de sa santé bientôt rétablie, s’en va un peu plus léger qu’il n’était entré, traverse la rue. Crissement de pneus. Trop tard.
C’est ce qui m’est arrivé ce soir en rentrant de mon premier jour de travail. Sauf qu’il n’était pas trop tard, les pneus n’ont même pas crissé. Mais j’ai eu peur, et j’ai réalisé la fragilité de ce petit corps qui englobe nos vies… En rentrant sur ces pensées morbides j’ai eu des nouvelles d’Antoine Adrien, un élève de ma promo. Je ne le connaissais pas, mais ça m’a touché quand même. Il est mort. Il y a des jours comme ça où les coïncidences ont un poids particulier.