Rencontres du troisième type

Cette semaine j’étais à une conférence à Paris, l’USI. Deux jours passionnants où l’on vient écouter des entrepreneurs, des philosophes, des ingénieurs et autres artistes raconter comment ils changent le monde, et réfléchir à son tour sur l’impact que l’on a ou que l’on pourrait avoir. Où l’on vient changer d’air et discuter avec des collègues, mais surtout avec des inconnus venus d’horizons différents, des qui passent leurs journées sur d’autres problèmes que les nôtres.

J’étais donc lundi midi assis à une table en train de manger mon sandwich et d’écouter mon jeune voisin, dont je ne connaissais même pas le nom, me raconter ses travaux sur le Big Data, et comment il modélisait des modélisations mathématiques afin de pouvoir un jour être lui-même remplacé par une machine.

À ce moment un petit homme, plus âgé, est venu s’asseoir en face de nous. Il nous a regardés et a lancé un timide “Hello” auquel j’ai répondu sans beaucoup plus de conviction, et sans interrompre la conversation avec mon voisin qui digressait maintenant sur la reconversion difficile des employés dont le travail allait disparaître, sur le fait que la nouvelle génération ne comptait elle-même plus sur un emploi salarié considéré comme une servitude, etc. Le petit homme portait un drôle de pull rose, et tout en discutant avec mon voisin je pensais au fait que s’il avait dit “Hello” ce devait être un anglophone, peut-être un des speakers de la conférence, un type incroyable avec des histoires passionnantes. Mais avais-je bien entendu ce “Hello” ? De quoi pouvait bien parler ce petit homme timide, qui restait silencieux en mangeant son sandwich ? Comment l’intégrer à notre discussion ? J’en étais là de mes réflexions quand il s’est levé et qu’il est parti.

Je n’y ai plus pensé jusqu’au mardi soir. La session de clôture. Brian Muirhead, patron des Deep Space Missions à la NASA, venait nous raconter comment avec des risques énormes et une précision extrême il avait envoyé des robots sur Mars : Pathfinder, Spirit, Opportunity, etc. Au moment où il est monté sur scène, je l’ai reconnu. Il avait troqué son drôle de pull rose pour un costume simple. Un type incroyable avec des histoires passionnantes. Et en l’écoutant je n’arrêtais pas de penser à l’occasion manquée de discuter avec lui la veille.

Je sais en tout cas qu’après cette expérience je n’hésiterai plus à demander à un voisin un peu étrange qui il est.


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