Véritables

Un grand classique…

Le manifeste du véritable programmeur

Il était une fois, au bon vieux temps (durant ce qu’on appelle l’âge d’or de l’informatique)… il était facile de distinguer les HOMMES des JEUNOTS (la tradition les désigne aussi respectivement par les dénominations de VÉRITABLES et de VISAGES PÂLES). À cette époque, les VÉRITABLES étaient ceux qui connaissaient la programmation des ordinateurs, et les VISAGES PÂLES étaient ceux qui ne la connaissaient pas. Les VÉRITABLES préféraient des mots comme “DO 10 I=1,10” ou encore “ABEND”. Ils ne parlaient d’ailleurs qu’en majuscules. Le reste du monde disait des choses du genre “Les ordinateurs sont trop compliqués pour moi” ou bien encore “Les ordinateurs ne me disent rien, ils sont trop impersonnels”. Des recherches récentes ont d’ailleurs montré que les VÉRITABLES n’ont besoin de rien dire à personne, et qu’en plus ils n’ont pas peur d’être impersonnels.

Cependant, comme toujours, les choses évoluent. Nous sommes dans un monde où les braves mêmes peuvent disposer d’un ordinateur dans leur four à micro- ondes, où les gosses de 12 ans peuvent ridiculiser un VÉRITABLE aux ASTEROIDS ou au PACMAN, et où n’importe qui peut acheter et même comprendre son propre ordinateur personnel. Les VÉRITABLES risquent fortement l’extinction, sous la concurrence des lycéens avec leurs Macintosh.

Il est donc clairement urgent de mettre en évidence les différences entre un lycéen joueur de PACMAN typique et un VÉRITABLE. En soulignant cette différence, nous montrons ainsi à des gosses un modèle à suivre, une aspiration de perfection, une figure paternelle. Cela contribuera à montrer aux employeurs de VÉRITABLES, pourquoi ce serait une erreur de remplacer ceux- ci par des lycéens joueurs de PACMAN (quelles qu’en soient les économies de salaires réalisées).

Les langages de programmation

Le critère le plus simple pour repérer un VÉRITABLE dans la foule est son langage de programmation. Les VÉRITABLES utilisent le FORTRAN, les VISAGES PÂLES utilisent le PASCAL. Niklaus Wirth, le concepteur de PASCAL participait à une conférence. On lui demanda comment il fallait prononcer son nom. Il répondit “Vous pouvez soit faire un appel par nom en prononçant ‘Wiirt’, ou faire un appel par valeurs, en prononçant ‘Woort’“. Visiblement, on peut détecter par cette réponse que Niklaus Wirth est un VISAGE PÂLE. Les VÉRITABLES, eux, ne connaissent qu’un seul mécanisme de passage de paramètres, le passage par adresse, qui est implémenté dans les compilateurs FORTRAN-G et -H des IBM/370. Les VÉRITABLES n’ont pas besoin de tous ces concepts abstraits pour effectuer leur boulot, ils se contentent d’une perfo, d’un compilo FORTRAN et d’un café.

S’il ne peut le faire en FORTRAN, il le fait en Assembleur, s’il ne peut le faire en Assembleur, c’est que cela ne vaut vraiment pas la peine d’être programmé.

La programmation structurée

Ces derniers temps, les autorités académiques en informatique sont tombées d’accord sur la manie de la programmation structurée. Elles prétendent que les programmes sont plus faciles à comprendre quand leurs auteurs pratiquent des techniques ou langages spéciaux de programmation.

Ces savants ne sont pas tous d’accord sur quels langages ou quelles techniques il faut utiliser, et leurs exemples en général sont faits de manière à tenir sur une page de publication scientifique, visiblement insuffisant pour convaincre qui que ce soit.

Quand j’étais sorti de l’école, je pensais être le meilleur programmeur au monde. Mon programme de morpion était imbattable, je programmais en 5 langages différents et j’étais cap d’aligner un programme de 1000 lignes qui marchait du premier coup (OUI !).

Mon premier boulot dans le monde VÉRITABLE fut de lire et de comprendre un programme de 200.000 instructions FORTRAN, puis de diviser par deux son temps d’exécution. Tout VÉRITABLE vous dira que la programmation structurée ne vous est pas d’un grand secours pour résoudre ce genre de problème. Il faut du TALENT.

Voici quelques observations sur l’attitude des VÉRITABLES vis-à-vis de la programmation structurée :

Les structures de données reçoivent aussi beaucoup de publicité ces temps-ci. Les types de données abstraits, les pointeurs, les listes et les chaînes de caractères sont devenus populaires pour certains milieux.

Wirth, le VISAGE PÂLE susnommé, a même écrit un bouquin prétendant que vous pouvez écrire des programmes partant de structures de données, au lieu de faire l’inverse.

Ainsi que le sait tout VÉRITABLE, la seule structure de données réellement utile est le tableau. Les listes, les structures, les chaînes de caractères, les ensembles, tout ça sont des variétés de tableaux qui peuvent se programmer comme tels sans se compliquer la vie avec des distinguos subtils.

La pire des contraintes avec cette fantaisie de types de données est que vous êtes obligés de les déclarer, et vous savez bien qu’un VÉRITABLE langage de programmation doit reconnaître implicitement le type de données sur le premier des six caractères du nom de la variable.

Les systèmes d’exploitation

Quel est le type de système d’exploitation qui est utilisé par les VÉRITABLES ?

MS-DOS? Dieu merci non! Après tout, MS-DOS est un système d’exploitation joujou. Même les petites mémés et les lycéens peuvent comprendre et utiliser MS-DOS.

UNIX est bien un peu plus compliqué. Un hacker typique sous UNIX n’arrive jamais à se souvenir quel est le nom de la commande PRINT valable pour la semaine.

Mais quand on y pense un peu, UNIX n’est qu’un jeu vidéo un peu mis en valeur. On ne travaille pas sérieusement sous UNIX, on se borne à envoyer des vannes au monde entier par UUCP, à écrire des jeux d’aventure ou à rédiger des articles scientifiques.

Non, un VÉRITABLE travaille sous OS/370. Un bon VÉRITABLE peut arriver à trouver dans son manuel JCL la signification de l’erreur IJK305I qu’il vient d’avoir. Un VÉRITABLE fortiche peut écrire du JCL sans consulter ce manuel du tout. Un VÉRITABLE carrément extra peut trouver des bugs enfouis dans un dump mémoire de 6 Méga-octets sans utiliser une calculatrice hexadécimale.

OS/370 est véritablement un système d’exploitation remarquable. Il est possible là-dessus de détruire des journées de travail avec un blanc mal placé, ce qui incite les équipes de programmation à une plus grande concentration mentale. La meilleure manière pour aborder le système OS/370 est par une perforatrice de cartes. Certains prétendent qu’il existe un time- sharing sur OS/370, mais une étude minutieuse a montré le contraire.

Les outils de programmation

Quels outils un VÉRITABLE emploie-t-il? En théorie, il pourrait rentrer ses programmes directement par les clés du panneau frontal de son ordinateur. C’était effectivement le cas à l’occasion du temps où les machines avaient encore cet accessoire. Il fut un temps ou un VÉRITABLE connaissait typiquement par cœur son boot en hexa et le rentrait à chaque fois qu’il lui arrivait de l’écraser avec son programme.

C’était aussi le temps où la mémoire était véritable, et ne s’en allait pas quand on coupait le jus. De nos jours, les mémoires oublient ce qu’on leur demande de retenir et gardent des choses qu’elles feraient mieux d’écraser. La légende dit que Seymour Cray, le père du super ordinateur CRAY I et de la plupart des Control Data a rentré aux clés le premier système d’exploitation du CDC-7600 quand celui-ci a démarré pour la première fois. Inutile de préciser que Seymour Cray est un VÉRITABLE.

Un de mes VÉRITABLES favoris était un ingénieur Texas Instrument. Un jour, il reçut un appel longue distance d’un utilisateur dont le système avait crashé au milieu d’une sauvegarde importante. Jim avait alors réparé les dommages au téléphone en faisant rentrer par l’utilisateur les instructions de disk I/O aux clés, en patchant les tables systèmes en hexa et en se faisant relire les contenus des registres à l’écouteur.

La morale de cette histoire est : Même si un VÉRITABLE utilise en général une perfo ou une imprimante comme outil de génie logiciel, il peut s’en sortir en cas d’urgence avec juste un tableau frontal et une ligne téléphonique.

Dans certaines sociétés, “édition de texte” ne signifie plus de nos jours 10 ingénieurs faisant la queue devant une perfo en code 29. D’ailleurs mon lieu de travail n’a plus aucune perfo. Dans une telle situation, un VÉRITABLE doit se résigner à utiliser un éditeur de texte.

La plupart des systèmes permettent le choix entre plusieurs éditeurs, et il s’agit d’en choisir un qui soit compatible avec votre style de travail. Beaucoup de personnes croient que les meilleurs éditeurs de texte du monde proviennent des laboratoires XEROX à Palo Alto, sur les systèmes ALTO et DORADO.

Malheureusement, comment voulez-vous qu’un véritable puisse utiliser un système d’exploitation au nom aussi ridicule que SMALLTALK, et encore moins manipuler une souris ?

Quelques-uns des concepts de ces éditeurs de XEROX se sont retrouvés dans des éditeurs tournant sur des systèmes aux noms plus raisonnables (comme EMACS, VI). Le problème avec ces éditeurs de texte est que le concept “Vous obtenez ce que vous voyez” est aux yeux d’un VÉRITABLE aussi vicieux chez un éditeur qu’il peut l’être chez une femme. En réalité, un VÉRITABLE préfère du “Vous l’aviez voulu, tant pis pour vous”, du compliqué, de l’énigmatique, du mystérieux, puissant et impitoyable comme TECO pour tout dire.

On a fait remarquer qu’une séquence de commandes TECO ressemble plus à un bruit de télétransmission qu’à du texte lisible. Un jeu bien connu sur TECO consiste à taper votre nom en tant que commande et à voir ce que cela donne. N’importe quelle erreur de frappe dans TECO recèle une forte probabilité de destruction de votre programme, ou mieux encore, d’introduction d’erreurs subtiles dans un sous-programme qui fonctionnait dans le passé.

C’est ce qui explique pourquoi un VÉRITABLE rechigne à éditer un programme qui tourne presque. Il préfère patcher directement le binaire à l’aide d’un merveilleux outil appelé SUPERZAP (ou son équivalent sur une machine non-IBM). Cela marche tellement bien, que beaucoup de programmes IBM n’ont que peu de ressemblances avec le source FORTRAN. En réalité, dans de nombreux cas, on ne dispose plus du tout du source.

Quand il s’agit de corriger un tel programme, aucun patron ne penserait à un autre recours qu’un VÉRITABLE : un VISAGE PÂLE structuré ne saurait même pas par quoi commencer. On appelle ça : “La sécurité de l’emploi”.

Voici quelques outils de génie logiciel NON employés par les VÉRITABLES

Les VÉRITABLES au travail

Où travaille un VÉRITABLE? Quels genres de programmes requièrent l’attention de cet individu aussi talentueux? Vous n’en trouverez pas en train d’écrire une paie-compta en COBOL, ou encore faisant du tri d’adresses pour un club de micro. Un VÉRITABLE ne s’attelle qu’à des tâches extraordinaires (au sens étymologique).

Les VÉRITABLES les plus formidables travaillent au Jet Propulsion Laboratory en Californie. Beaucoup d’entre eux connaissent par cœur le logiciel de pilotage des sondes Pioneer et Voyager. En combinant des gros programmes FORTRAN au sol avec un petit programme en langage machine là-haut, ils sont capables de prodiges de navigation et d’improvisation, comme taper dans une fenêtre de dix kilomètres de large sur Saturne après six ans dans l’espace. Ou bien encore de réparer des radios et batteries endommagées. Il paraîtrait qu’un VÉRITABLE a réussi à fourrer un programme de reconnaissance de formes de quelques centaines d’octets dans un coin de mémoire libre, ce qui a permis de découvrir une nouvelle lune de Jupiter !

Il est actuellement prévu pour le programme GALILEO de balancer la sonde vers Jupiter au moyen d’une assistance gravitationnelle de Mars. Cette trajectoire va passer à 80 kilomètres (plus ou moins 3 kilomètres) de la surface de Mars. Personne ne ferait confiance à un programme PASCAL (ou à un programmeur PASCAL) pour naviguer avec une telle précision.

Comme vous le voyez, beaucoup de VÉRITABLES existant au monde travaillent pour le gouvernement Américain, et spécialement pour le Département de la Défense (DoD). Et c’est très bien ainsi. Récemment, cependant, un nuage noir a obscurci l’horizon des VÉRITABLES. Il semblerait que quelques VISAGES PÂLES haut placés du DoD aient décidé que tous les programmes de la Défense devront êtres écrits dans un grand langage unifié appelé Ada. Pendant un temps, il semblait que Ada allait à l’encontre de la programmation VÉRITABLE (un langage avec des structures, des types de données, des points-virgules, bref un langage qui étiolerait la créativité des VÉRITABLES). Heureusement, le langage qui fut finalement adopté par le DoD comporte suffisamment de possibilités intéressantes pour le rendre potable. Il est d’une effroyable complexité, et il contient des outils pour tripoter le système d’exploitation et réordonner la mémoire. Edsger Dijkstra ne l’aime pas (Vous connaissez Dijkstra, c’est celui qui a écrit le livre “GOTOs considérés comme nuisibles”. Une œuvre remarquable applaudie par tous les programmeur PASCAL et les VISAGES PÂLES). En tout cas rassurons-nous :

Un VÉRITABLE peut programmer en FORTRAN dans n’importe quel langage.

Il semblerait cependant que certains véritables peuvent condescendre à faire un compromis dans leurs principes et à œuvrer sur des choses plus triviales que la destruction de la Terre, à condition que ce boulot puisse rapporter des sous. ATARI par exemple, emploie plusieurs VÉRITABLES pour écrire ses jeux vidéos (pas pour y jouer, un VÉRITABLE connaît toutes les astuces pour battre la machine à chaque coup et ce ne serait pas glorieux). Les gens de chez LUCASFILM sont aussi des VÉRITABLES (il faudrait être fou pour refuser l’argent des millions de fans de “l’Empire contre-attaque”). En CAO il y a pour le moment très peu de VÉRITABLES, principalement parce que personne n’a encore trouvé à quoi pouvait servir la CAO. On y trouve en général des gens qui y sont uniquement pour faire du FORTRAN et éviter de faire du COBOL.

Les VÉRITABLES au travail

En général, un VÉRITABLE joue comme il travaille, avec des ordinateurs.

Il trouve d’ailleurs incroyable que son boss puisse le payer pour faire quelque chose qu’il ferait de toute manière gratos (bien qu’il fasse attention de ne pas le dire trop fort). De temps en temps, il arrive que le VÉRITABLE sorte de son bureau pour respirer un bol d’air et prendre un verre de bière. Pour le reconnaître à ces moments, voici quelques trucs :

L’habitat naturel du VÉRITABLE

Dans quel biotope se plaît le mieux le VÉRITABLE? C’est une question importante pour les patrons de VÉRITABLES, car vu le coût d’un tel spécimen, il est préférable de lui donner un environnement tel qu’il puisse accomplir efficacement son travail.

Un véritable typique vit devant un terminal d’ordinateur. Autour de ce terminal, on peut trouver :

Un VÉRITABLE est capable de travailler 30, 40 et même 50 heures d’une traite, sous pression intense. Les temps de réponse lents ne dérangent pas le VÉRITABLE, ils lui donnent la possibilité de faire un petit somme entre deux compiles. Si le planning n’est pas trop serré, le VÉRITABLE s’arrange en général pour rendre les choses plus palpitantes en passant les neuf premières semaines sur un point réduit mais intéressant du projet, puis en finissant le reste du projet la dernière semaine en quelques marathons de 50 heures. Non seulement cela contribue à impressionner diablement son patron, qui désespérait de voir le projet finir dans les temps, mais cela lui fournit aussi une excellente excuse pour ne pas faire la doc.

En général, on peut dire :

L’avenir du VÉRITABLE

Que nous réserve l’avenir? C’est un sujet de préoccupation pour les VÉRITABLES que les nouvelles générations de programmeurs ne soient pas élevées avec la même conception de la vie que leurs aînés. Beaucoup de ces jeunes n’ont jamais vu un ordinateur avec un panneau frontal. On peut à peine trouver un nouveau diplômé qui sache calculer en hexa sans une calculette. De nos jours, les diplômés sont des pieds tendres, protégés des réalités de la programmation par des débogueurs symboliques, des éditeurs de textes qui comptent les parenthèses, et des systèmes d’exploitation “conviviaux”. Pire de tout, ces soi-disant “chercheurs” du logiciel récoltent des diplômes sans même avoir jamais appris le FORTRAN! Sommes-nous destinés à devenir une industrie de programmeurs PASCAL ou de maniaques UNIX?

Heureusement, mon expérience vécue me dit que le futur reste radieux pour les VÉRITABLES, Ni OS/370 ni FORTRAN ne montrent de signes de faiblesse, malgré les tentatives des programmeurs PASCAL du monde entier. Même les ruses les plus subtiles comme l’introduction de la structuration dans le FORTRAN ont échoué.

Bien sûr, quelques constructeurs ont bien sorti des compilos FORTRAN-77, mais tous offrent la possibilité de revenir au FORTRAN-66 moyennant une option de compile, et permettant ainsi de compiler des boucles DO comme Dieu les a voulues.

Mais l’avenir de UNIX peut ne pas être aussi mauvais pour les VÉRITABLES qu’on le disait avant. La dernière release de UNIX contient des potentialités dignes de n’importe quel VÉRITABLE : deux interfaces utilisateur différentes et subtilement incompatibles, un driver TTY tortueux et compliqué, de la mémoire virtuelle. Si vous laissez de côté qu’il soit un langage structuré, le C peut se faire apprécier d’un VÉRITABLE. Après tout, il ne vérifie pas les types des variables, les noms ont seulement sept caractères (ou dix? ou huit?) et vous avez en plus les pointeurs (comme si on avait les avantages du FORTRAN et de l’Assembleur conjugués). Et sans oublier toutes les applications créatives et intéressantes qu’on peut faire avec le #DEFINE.

Non, l’avenir n’est pas si mal. Et même, ces derniers temps, la presse populaire a rapporté que de brillantes promos de nerds et de hackers quittent des temples comme le MIT ou STRANFORD pour envahir le monde. L’esprit des VÉRITABLES est de toute évidence en eux. Tant qu’existent encore des objectifs mal définis, des bugs bizarres et des plannings irréalistes, il y aura des VÉRITABLES prêts à foncer dans le tas et à résoudre les problèmes en laissant la doc pour plus tard.

LONGUE VIE AU FORTRAN !


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